TRIBUNE
L’opération « nids de poules » est l’occasion pour la FFMC 24 d’expliquer la cause de la dégradation des routes aux contribuables et usagers que nous sommes et de faire le point sur la politique de sécurité routière de ce dernier quinquennat.
Tout d’abord, il est à préciser que la France est passée du 1er rang mondial au 18ème en l’espace de 8 ans. (Sources : World Economic Forum et rapport de la Cour des Comptes de mars 2022 sur l’entretien des routes nationales et départementales)
Quelques informations:
La France compte un des réseaux routiers le plus long et dense d’Europe : 1,1 million de km de routes
En France, la route assure près de 90% du transport (tant de voyageurs que de marchandises)
Les routes peuvent être gérées par différentes entités :
L’État gère 12 000 km de routes (réseau national non concédé).
Des sociétés privées gèrent 9 000 km d’autoroutes.
Les départements gèrent 380 000 km de routes.
Les communes gèrent 700 000 km de routes.
Un quart de la circulation des poids lourds est sous pavillon étranger.
Seuls 40% des départements interrogés par la Cour des comptes ont réalisé une campagne d’évaluation de toutes leurs chaussées
Depuis 2010 on a constaté une baisse des crédits d’entretien routier et des dotations de l’État aux collectivités.
La loi d’orientation des mobilités de 2019 (LOM) prévoit pour le réseau national une trajectoire financière en augmentation jusqu’à 2027 mais celle-ci ne suffira pas à maintenir l’état actuel des routes qui sont confrontées à un vieillissement généralisé.
Commentaires :
Comme on pouvait s’y attendre, en confiant une grosse partie de l’entretien du réseau routier aux conseils départementaux et aux communes, l’État s’est petit à petit désengagé de sa mission en baissant régulièrement les dotations compensatoires, mettant les départements ruraux en difficulté sur ce point. Imaginez la Dordogne, 3 ème département par sa superficie et 60 ème par sa population! Là commence la dégradation inéluctable du réseau routier rural. Par ricochet, les petites communes s’en trouvent également démunies.
Seules les grosses communes riches peuvent entretenir leur réseau, mais elles en profitent pour multiplier les infrastructures dangereuses (ralentisseurs hors normes, ronds-points en pagailles, signalisations au sol glissantes, poteaux et barrières anti-stationnement qui blessent et tuent en cas de chute, aménagements sur chaussées hallucinants,…). Ceci, sans aucun contrôle de l’État et dans l’irrespect quasi systématique des recommandations du CEREMA.
En matière de sécurité routière qu’a fait le gouvernement ces cinq dernières années ?
Le 80 km/h : soit disant pour sauver des vies. Aucune étude sérieuse n’ayant été faite avant, nous n’avons aucun chiffre fiable sur ce soi-disant mieux. Ce qu’on sait c’est que lorsqu’un motard se trouve entre deux camions qui roulent à 80 km/h, pris dans les turbulences du premier et talonné par le second, s’il veut sauver sa vie, il devra dégager de là à la première ligne droite venue. Évidemment en dépassant allégrement le 80 pour doubler en toute sécurité. C’est là qu’il sera peut-être flashé par un radar fixe, un radar mobile ou pire encore par une de ces voitures privées qui sillonnent nos routes au frais du contribuable. Cette mesure voulue par Edouard Philippe alors qu’Emmanuel Macron avait promis de ne pas le faire pendant sa campagne électorale touche surtout les territoires ruraux car eux, autour des grandes villes, ils ont des 4 voies partout. Nos manifestations ont été méprisées.
Le résultat de cette mesure est surtout que le montant des amendes récoltées, en 2019 par exemple, a augmenté de 50 % par rapport à 2016. Et puis, on apprend ensuite ces chiffres longtemps cachés par l’État grâce à un rapport que la DSR a du fournir à un rapporteur spécial pour le Sénat :
50,4 % des contraventions concernent des excès de vitesse compris entre 1 et 5 km/h ! 27,29 % entre 6 et 10 km/h. Cumulé cela donne que 77,69 % des excès de vitesse constatés le sont pour des dépassements entre 1 et 10 km/h.
On monte à 94,65 % pour les excès compris entre 1 et 20 km/h. Sécurité vraiment !?
Cette vache à lait qu’est devenu l’usager de la route finance par ses amendes les nouveaux radars toujours plus performants, embarqués aussi maintenant, l’État confiant tout un tas de missions aux entreprises privées y compris au sein du CNT (centre de traitement de contraventions) à Rennes. L’opacité la plus totale règne lorsqu’on souhaite savoir qui est au conseil d’administration de ces entreprises. Mais où sont les progrès en matière de sécurité routière ?
Le contrôle technique pour les 2RM est venu s’insérer dans le quinquennat. La FFMC a fait savoir avec force arguments et manifestations qu’elle n’en voulait pas et que cela ne servait à rien en terme de sécurité routière. Ce gouvernement, après nous avoir soi-disant écouté a profité de la torpeur du mois d’août pour faire passer le fameux décret, suspendu dès le lendemain par Macron quand il a compris à quoi il s’exposait devant la colère des motards qui ont su le lui faire savoir très rapidement. Il va être définitivement abrogé le 8 avril, soit deux jours avant le premier tour des élections. Faut pas non plus nous prendre pour des imbéciles!
Mais quoi d’autre en terme de sécurité routière ? Que dalle, nada, peau d’chique, le vide, le néant, rien, la nullité absolue. Les seules actions inefficaces engagées n’avaient apparemment pour but que de piquer dans notre porte porte-monnaie déjà bien mince.
Puisqu’on en est à parler du porte-monnaie, les premières augmentations du prix de l’essence dues à une décision de l’ancien gouvernement ont provoqué la crise des Gilets Jaunes dont on sait comment elle a été violemment réprimée. Ces dernières semaines, le prix moyen est passé d’environ 1,50 € à 2,20 € avant de retomber à 2€ grâce à la généreuse réduction provisoire de 18 centimes mise en place par Jean Castex. Cette remise coûte trois milliards à l’État nous dit-on. Alors faisons ensemble un petit calcul à la louche :
Nous savons que nous payons d’habitude 60 % de taxe sur l’essence, ce qui représentait 0,90 € par litre lorsque celui-ci était à 1,50 €. Avec l’essence à 2,20 €, cela représentait 1,32 € soit une augmentation de 0,42 € par litre. En baissant ces taxes de 18 centimes, l’augmentation n’est plus que de 24 centimes. Cela veut donc dire que l’État va empocher 4 milliards de plus au lieu des 7 escomptés. Ce n’est pas un coût, c’est juste une réduction de l’augmentation des recettes.
C’est bien pratique pour aider à payer le « quoiqu’il en coûte » en faisant croire qu’on nous aide alors qu’on continue de nous ponctionner allégrement, que les petits et moyens salaires tirent la langue, que les pétroliers se gavent et que les habitants des zones rurales n’ont pas de transports en commun en mesure de les aider dans leurs déplacements quotidiens où la voiture ou la moto sont indispensables.
En mai 2017, au moment de l’élection de Macron, le prix moyen du gazole était à 1,20 €. Aujourd’hui, il est à 2,00 €. C’est une augmentation de 75 %!
En conclusion : routes dégradées entraînant l’usure prématurée des pneus et des organes de sécurité du véhicule (donc un coût supplémentaire), nullité totale de la politique de sécurité routière, renforcement de la politique de répression, augmentation des carburants, stagnation des salaires. Voilà à l’aube de ces élections le bilan du quinquennat Macron pour les usagers de la route.
Les motards n’ont donc pas fini d’être en colère...
Nul doute que cela se traduira dans les urnes !